« La 4L, c’est le charme de cette course »

Le 21e Raid 4L Trophy aura lieu en février 2018, emmenant 3000 étudiants sur les routes de France, d’Espagne et du Maroc, au volant de Renault 4L, entre course automobile, action humanitaire et – n’ayons pas peur des mots – franche « déconnade ». En plusieurs rendez-vous, Roaditude vous propose de suivre le périple de Fabien et Julien, deux étudiants suisses qui ont décidé de participer à l’aventure. Première rencontre, alors qu’ils viennent d’acquérir leur véhicule.

Roaditude – Fabien Scalfo et Julien Chevaley, vous êtes en lice pour le 21e Raid 4L Trophy qui aura lieu en février 2018… Comment vous présenter ?
Julien Chevaley – On se connaît depuis un bon bout de temps maintenant. On a déjà fait plusieurs voyages ensemble, surtout à moto. Ca nous a permis de bien se connaître et de savoir qu’on est les coéquipiers idéals pour faire le 4L ensemble. Sinon, on est les deux étudiants mais dans deux écoles différentes. Fabien est à la Haute école de gestion à Fribourg et moi j’étudie la Géologie à l’Université de Lausanne. Autrement, je crois qu’on aime bien tous les deux les sensations fortes et l’adrénaline. J’espère qu’on aura de quoi se régaler lorsqu’on traversera le désert.

Le 4L Trophy, c’est quoi exactement ?
Fabien Scalfo – Le 4L Trophy, c’est beaucoup de choses. C’est le plus grand raid humanitaire d’Europe réservé aux étudiants, 1450 équipages en 2017 donc près de 3000 étudiants. Il s’étend sur trois pays (enfin, quatre pour nous) : la France, l’Espagne, le Maroc et la Suisse. Du coup, on va parcourir environ 7000 kilomètres. Et surtout, les équipages doivent utiliser uniquement des Renault 4L. C’est ça qui fait aussi le charme de la course. Et puis le but social et final est d’apporter un maximum de fournitures scolaires et sportives pour des enfants qui vivent en plein désert, au Sud du Maroc.

7000 km en France, en Espagne et au Maroc.

7000 km en France, en Espagne et au Maroc.

Il faut souligner que ce rallye a une dimension humanitaire. En quoi consiste-t-elle ?
Julien Chevaley – En remplissant au maximum les 4L, les équipages ont délivré l’année passée plus de 60 tonnes de fournitures scolaires et sportives. Il y a déjà 16 écoles qui ont été construites et des dons sont également versés à chaque édition. Il y a aussi une très grande solidarité lors de l’ensablement des voitures dans zones les plus difficiles du désert et en cas de panne mécanique. Le côté humanitaire est donc partagé tout au long du voyage.

Pourquoi participer à ce rallye ? Quelles sont vos motivations ?
Fabien Scalfo – Le 4L Trophy, pour nous, c’est avant tout une aventure humaine. Un raid qui nous permettrait d’aider concrètement des gens dans le besoin en allant sur place physiquement. Une chose qu’on souhaite à tout un chacun de réaliser une fois dans sa vie. La différence avec certains voyages humanitaires est que celui-ci nous donne aussi la possibilité de traverser le désert à bord d’une 4L. L’originalité de cette course, c’est ça qui nous a vraiment plu étant donné qu’on est tous les deux passionnés de sensations fortes.

Dans le désert en 4L, c’est un peu une punition, non ? Il n’y aurait pas mieux comme véhicule pour faire cette aventure ?
Julien Chevaley – Au début, c’est vrai qu’on aurait tendance à croire que la 4L n’est pas vraiment la voiture idéale. On est d’accord. Après quelques vidéos et un peu de lecture, on s’est rendu compte que cette voiture est en fait increvable. En plus, elle présente beaucoup d’avantages, il y en a beaucoup sur le marché, en France voisine principalement, on trouve encore facilement des pièces détachées et ce modèle a été pensé très simplement et avec une efficacité redoutable. Pour la démonter et la restaurer, il suffit d’avoir les quelques outils de base, du papier ponce et une bonne check-list. La quasi-absence d’électronique fait d’elle, comparé aux voitures actuelles qui sont sensibles à la chaleur, presque la voiture parfaite pour un rallye dans le désert. Haha (rire…).

3000 étudiants ensemble dans le désert, cela promet aussi une belle convivialité ?
Fabien Scalfo – C’est vrai, ça promet. On risque de partager des moments incroyables mais aussi des galères… C’est ça le 4L Trophy. La solidarité entre les équipages, faire de belles rencontres ou encore partager un moment autour d’un feu. On se réjouit en tout cas… Les vidéos et les témoignages laissent assez vite un aperçu de la dimension du 4L entre les étudiants.

Une belle convivialité.

Une belle convivialité.

Quelles sont les prochaines étapes de votre préparation ?
Julien Chevaley – On va dire la plus longue étape. On vient de trouver la 4L qui nous accompagnera pour cette aventure et il va falloir la préparer. Faire usage de nos talents de mécanos, encore peu fébriles. Par chance, on a réussi à avoir une 2ème 4L comprise dans le lot d’achat. Ça nous permettra d’avoir les pièces détachées pour réaliser la parfaite « Rogette ». Oui, c’est le nom que l’on a donné à notre voiture. Nous devons encore la redémarrer et la réexpertiser car elle n’a pas roulé depuis 2001, puis nous allons la préparer à affronter le désert marocain.

Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Fabien Scalfo – Jusqu’à présent, on a eu de la chance car tout s’est passé assez vite et bien. Une des difficultés qu’on a eu c’était de trouver la voiture… Il faut savoir qu’en Suisse on peut importer et immatriculer des 4L uniquement si elles ont été mises en circulation avant octobre 1982… On a aussi essayé de voir si c’était possible de conduire un véhicule immatriculé et acheté en France mais le service des douanes ne nous a pas trouvé de solution. On a donc dû trouver une voiture en Suisse. Et heureusement, on les a trouvés directement dans le même village que j’habite. Et pour ce qui est des sponsors, nous avons d’abord contacté les entreprises que nous connaissons bien afin d’avoir un premier soutien pour financer la pré-inscription et l’achat de la voiture. Nous avons organisé une vente de pâtisseries afin de faire connaitre notre projet et de récolter quelques fonds. On a remarqué que le 4L Trophy est peu connu en Suisse. On va essayer de continuer de toucher du bois pour l’instant.

Jusqu’à présent, on a eu de la chance…

Jusqu’à présent, on a eu de la chance…

On se parle cet automne pour voir où vous en êtes ?
Julien Chevaley – Avec plaisir. On aura déjà bien avancé sur la 4L pendant le printemps et l’été pour pouvoir vous présenter une Rogette en pleine forme et qui aspire à rouler entre 80 et 100km/h, il ne faut pas trop lui en demander non plus.

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Pour en savoir plus, consultez le site du Raid 4L Trophy, ainsi que celui de Fabien et Julien.

(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédits photo: Wikipedia pour les images de la course, Fabien Scalfo et Julien Chevaley)