Bagnole mon amour

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Montre-moi ta bagnole, je te dirai qui tu es… Un nouveau podcast explore les sinuosités insoupçonnées de la passion automobile, avec l’ambition de la sortir de ses carcans habituels, et de ses fausses légitimités. En résulte une série d’interviews de personnalité dont le lien avec l’automobile est aussi inopiné que sincère et profond. Rencontre avec Quentin Guéroult, fondateur et animateur de « Bagnolards ».

Roaditude – Quentin Guéroult, vous lancez le podcast « Bagnolards ». Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Quentin Guéroult – J’ai 26 ans, je suis journaliste et photographe lifestyle. Je vis entre Marseille, Paris, et Cherbourg en Normandie, d’où je suis originaire. J’ai exercé en presse locale durant plusieurs années avant de devenir journaliste automobile en 2018.

Qu’est-ce qu’un « bagnolard » ?

Chacun a sa propre définition. Cette question est d’ailleurs celle que je pose à chaque invité du podcast, en fin d’épisode. Et les réponses sont toujours différentes !

Pour ma part, je pense qu’un bagnolard, c’est simplement quelqu’un qui va prendre du plaisir avec les voitures, quelles qu’elles soient. Ce plaisir, il peut le ressentir en conduisant sa voiture, peu importe si c’est une citadine, un SUV ou une sportive. Il prend aussi du plaisir en regardant les voitures. Il croise un modèle qui l’intrigue, et va le décortiquer du regard, comme un enfant…

Enfin, je pense qu’on est aussi bagnolard quand on privilégie toujours la voiture aux autres moyens de transport. Un bagnolard a le goût de la route. C’est un mode de déplacement introspectif, voire contemplatif : ainsi, le bagnolard aime rouler, dans son cocon sur roues, sans contraintes, et sans avoir forcément un but ou une destination en tête. Seul le son de l’autoradio ou les aléas de la circulation peuvent perturber son plaisir routier. Je pense que le bagnolard attache une grande importance à la liberté offerte par l’auto.

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Quelle est l’inspiration derrière votre projet, et quelles ambitions avez-vous, sachant que les temps sont relativement durs pour les médias ?

En étant journaliste automobile, je me suis rendu compte que ce milieu était assez fermé, et peu inclusif. Ça m’a donné envie de proposer une vision différente de l’automobile, en donnant la parole à des personnalités publiques qui n’y ont habituellement pas droit de cité. À côté de ça, je suis depuis plusieurs années le travail de créateurs comme Arthur Kar de L’Art de l’Automobile ou encore le magazine Garagisme. Ce sont des gens qui ont démocratisé la car culture — la culture de la bagnole — sur les réseaux sociaux, en montrant qu’on peut parler de voiture autrement, en tissant des liens avec la mode ou la musique.

Pour ce qui est des ambitions, il n’y en a pas vraiment pour le moment ! La photographie est mon activité principale aujourd’hui et Bagnolards est un projet secondaire que j’ai monté durant le second confinement en France. Néanmoins, j’espère dépasser prochainement le millier d’écoutes, et atteindre quelques milliers d’ici la fin de l’année. J’adorerais vivre du podcast mais cela serait utopiste d’espérer gagner de l’argent pour le moment. Cependant, si le public est intéressé et plus nombreux, proposer un système d’abonnement pour quelques euros par mois me paraît être une première piste. Avec une plateforme comme Patreon, on peut par exemple proposer du contenu exclusif ou des produits dérivés aux abonnés qui soutiennent le podcast financièrement.

Dans vos premières interviews, on trouve un tatoueur, un photographe, un bloggeur… Y a-t-il un profil type du bagnolard ?

Non, je ne pense pas qu’il y ait de profil type. Au contraire, tous les profils sont bienvenus dans le podcast. Je regrette d’ailleurs que certains profils aient intégré le fait d’être exclus du monde automobile et refusent ainsi de participer, ne se sentant pas légitimes. J’aimerais interviewer plus de profils féminins, et plus de jeunes artistes notamment.

Vous dites que « la bagnole est partout », mais en même temps, elle est très décriée. La passion automobile a-t-elle vraiment un avenir ?

Je suis sûr que oui ! Le futur de l’automobile m’intéresse tout autant que son passé. Il faut accepter que la passion automobile évolue. La voiture électrique peut procurer du plaisir. Un plaisir différent, mais un plaisir. Et les bagnolards aimeront toujours rouler, peu importe la motorisation. Je rêve peut-être un peu, mais j’aime à penser que la voiture de collection aura toujours sa place malgré l’avènement du tout-électrique. La passion automobile doit évoluer mais ne doit pas renier son passé thermique pour autant.

Votre projet en est à ses premiers pas. Quelles sont ses défis et ses prochains développements ?

Pour le moment, le défi va être de tenir le rythme de deux épisodes par mois. Et de réunir un public un peu plus conséquent qui, je l’espère, va se constituer petit à petit, en agrégeant des auditeurs auprès des communautés respectives des invités. Après, si l’opportunité se présente, je serai très heureux qu’une marque ou un média sponsorise le podcast. En restant cohérent bien entendu.


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(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédit photo : Bagnolards/Dylan Long Cho)