La nuit américaine de Todd Hido

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Entre réalisme et contemplation onirique, le travail photographique de Todd Hido n’est pas juste une autre image de l’Amérique. C’est un voyage en drive by shooting photographique au cœur d’un non-dit qui hante une nation… et ses représentations.

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Né en 1968, à Kent dans l’Ohio, Todd Hido est une des figures proéminentes de la photographie contemporaine. C’est juché sur son skateboard ou plus tard son BMX que le jeune  Todd a chopé le virus de la photographie, il y a une vingtaine d’années. Il en a gardé un sens unique du point de vue, de l’image figée dans un mouvement apparent, ou un immobilisme trompeur – selon. Depuis lors, il pose des images habitées par un regard cru sur une Amérique débarrassée de ses fards et de son storytelling, quelque part entre Pennsylvanie, Ohio, Kansas, Nevada et Californie.

Routes et chemins délaissés, autoroutes, impasses, maisons isolées ou quartiers résidentiels pris au travers de vitres embrumées, à l’heure des routines quotidiennes, quand jour et nuit se confondent ; puis des matières brutes ou portraits de visages et peaux juste là, sans récit préfabriqué ni remémoré, encore moins référencé. Vides de tout sauf de substance.  S’y dévoile alors un non dit sidérant qui ouvre un espace entre absence et présence, entre le néant et le possible.  Les tourments sont visibles mais jamais pointés.

Réalisme
Le réalisme de Todd Hido, riche de ses lumières et de ses couleurs n’est pas sans évoquer Edward Hopper ou certains films de Gus Van Zandt (My Own Private Idaho, Gerry…). On y décèle des séquences cinématographiques qui oeuvrent en reconstruction de souvenirs, et évocations vagues et fugaces de rêves adolescents et trompeurs, ces promesses non tenues d’épopées, dévorées par la douloureuse normalité qui engloutit l’Amérique des petites villes et des banlieues. L’ensemble se déroule comme un roadtrip hanté de questions, d’errances et de pertes, mais capte sans doute la quintessence de ce qui ronge l’Amérique : une certaine forme d’ennui qui tente d’échapper à lui-même.

Todd Hido, #10106, Intimate Distance (2016)

Todd Hido, #10106, Intimate Distance (2016)

Todd Hido, #6426, Intimate Distance (2016)

Todd Hido, #6426, Intimate Distance (2016)

Todd Hido, #10789, Intimate Distance ( 2016)

Todd Hido, #10789, Intimate Distance ( 2016)


Todd Hido, Intimate Distance, éditions Textuel, Paris, 2016.
Exposition jusqu’au 19 novembre à la Galerie Particulière, Paris – www.lagalerieparticuliere.com.
Le site Internet de Todd Hido : www.toddhido.com.

(Texte : Nicolas Bogaerts / Crédits photo : Todd Hido)