Power Road, une route à énergie positive

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Fin 2017, L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (l’Ademe) a sélectionné quatre lauréats de l’appel à projets « Routes du futur », qui vise à développer des solutions innovantes pour réduire l’impact environnemental des infrastructures routières. Power Road (anciennement Novatherm), développé par l’entreprise Vermot (filiale du groupe Eurovia), est l’un des projets retenus. Séquence « Avenir » avec Eric Vermot qui, comme son nom le laisse à penser, est au cœur de ce développement.

Roaditude – Power Road est présentée comme une route à « énergie positive » : qu’est-ce que cela signifie ? 
Eric Vermot – Power Road utilise deux technologies : la géothermie et l’énergie solaire. On allie une énergie solaire captée au niveau de la couche de roulement à une énergie qui vient du sol et captée grâce à la géothermie. Ces deux sources de chaleur permettent de dégivrer la route en apportant de la chaleur au niveau de la surface, mais aussi de chauffer en eau chaude sanitaire ou en chauffage des infrastructures environnantes.

Comment est née l’idée d’une telle innovation ?
L’idée est née ici, dans le Hauts-Doubs. Ici, nous sommes à 900 mètres d’altitude et les gestionnaires de route départementales ainsi que des entreprises privées sont confrontés à des problématiques de déneigement. La réflexion a commencé en 2010 au sein de l’entreprise Vermot puis le groupe Eurovia a permis le développement de l’innovation, avec notamment son centre de recherche et un bureau d’études référent en termes de géothermie.

On définit également Power Road comme une technologie « réversible »…
À l’origine, l’objectif était d’éviter l’utilisation de sel de déverglaçage qui a un impact très négatif sur notre environnement. Pour cela, nous avons mis au point le premier démonstrateur, à Gilley, en 2013. Grâce à une pompe à chaleur, on fait remonter la chaleur pour la diffuser sur le sol support. Depuis cinq ans, l’installation fonctionne, le démonstrateur se déclenche automatiquement quand il neige ou quand il fait très froid, et il se met à l’arrêt quand il fait beau. Puis, on s’est dit qu’il était dommage de limiter l’utilisation d’une telle technologie au seul hiver. On a donc réfléchi à un mode « été ». C’est ainsi qu’en cas de beau temps, la route capte les rayons du soleil et l’énergie est transmise dans le sol, puis stockée dans une espèce de « bulbe » d’énergie.

En quoi Power Road dessine-t-elle une route du futur ?
Il y a un intérêt très fort de la part des élus pour mettre en place ce type d’innovations parce qu’elles répondent aussi à un enjeu de transition énergétique. En effet, notre procédé est basé à la fois sur la géothermie et sur la captation des rayons solaires qui sont deux énergies renouvelables. On peut ainsi diminuer la consommation d’autres énergies, non-renouvelables, comme le gaz ou le fuel, pour chauffer des bâtiments. Cette innovation permet de chauffer un bâtiment avec 70% d’énergies renouvelables. Par ailleurs, le mode dégivrage permet de sécuriser les routes. Nous sommes ainsi en train de travailler avec le Conseil départemental du Haut-Doubs pour développer une expérimentation sur une section de route départementale afin de sécuriser une zone particulièrement accidentogène.

Que représente le prix de l’Ademe pour vous ?
La reconnaissance de l’Ademe prouve que notre innovation s’inscrit parfaitement dans notre époque où les enjeux environnementaux et d’économie d’énergies sont importants. On a beaucoup souffert d’une politique dure de certains élus qui voyaient la route comme un vecteur de pollution. Recentrer la route sur un ouvrage capable de produire une énergie, ça permet de voir la route autrement, de la « reverdir », d’y apporter une nouvelle dimension technologique. C’est un premier jet et on pense que d’autres innovations pourront voir le jour en s’inscrivant dans le développement durable.

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(Interview : Claire Teysserre-Orion, Paris, France / Crédits photo : entreprise Vermot)