Alaïa : à la route, à la table !

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La route comme expérience de transition, comme ante-chambre d’un nouvel avenir. Adeline et Florian sont un couple de voyageurs dans l’âme, avec quelques kilomètres au compteur. Nous faisons leur connaissance sur la route entre l’Alaska et Ushuaïa, entre une ancienne et une nouvelle vie dont les points de fuite sont la découverte, et « la bouffe », et dont le nom est Alaïa. 

Roaditude – Adeline et Florian, où vous trouvez-vous en ce moment ?
Adeline et Florian – On est depuis quelques jours à Carthagène des Indes en Colombie et temporairement orphelin de notre camper van qui se trouve quelque part en pleine mer des Caraïbes. Peu de personnes le savent, mais il n’existe pas de route reliant le Panama à la Colombie, c’est le fameux Gap du Darien. Les voyageurs, qui comme nous, parcourent le continent américain, doivent donc passer par cette étape : se séparer de son véhicule au port de Colon au Panama et l’embarquer sur un bateau de marchandises qui le conduira jusqu’en Colombie par voie maritime. La traversée n’étant plus accessible aux passagers, nous avons rejoint Carthagène par les airs et récupérerons notre maison roulante dans quelques jours, au port de Santa Marta.

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Pouvez-vous vous présenter pour les lectrices et lecteurs du carnet de route de Roaditude ?
Nous, c’est Adeline et Florian, un couple passionné de voyages et de gastronomie. Depuis fin août 2017, on parcourt le continent américain du nord au sud à bord de notre camper van.

Adeline – Du haut de mon mètre 55, j’ai parcouru plusieurs capitales européennes, et foulé le sol de plusieurs pays, dont le Pérou et la Nouvelle-Zélande (Permis Vacances Travail), où j’ai eu ma première expérience en road trip après avoir acheté un 4×4 pour explorer les deux îles.

Florian – J’ai profité de mes 28 ans au compteur pour voyager aux USA, à Cuba, au Mexique, en Norvège et d’autres pays européens. Je me rends compte que chaque pays possède une identité culinaire particulièrement appétissante. Après avoir travaillé plusieurs années en tant que chef de rayon alimentaire, je suis à la recherche de nouveaux challenges et m’oriente désormais vers l’entreprenariat, avec Adeline.

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D’où vient le nom « Alaïa », et pouvez-vous nous présenter votre projet ?
Alaïa, c’est l’acronyme de « Alaska », notre point de départ et « Ushuaïa », notre ligne d’arrivée. Un seul et unique terme qui permet de résumer facilement notre itinéraire à bord de notre van. Pour nous ce road trip est signe d’une nouvelle aventure. On l’a longtemps rêvé, imaginé et réfléchi afin de trouver une astuce pour rentrer en France sans être victime de ce fameux « coup de blues » vécu par de nombreux voyageurs de retour après plusieurs mois de vadrouille. C’est ainsi qu’est née l’idée d’allier nos passions (voyage, gastronomie, découvertes) à l’aspect professionnel en créant notre propre boutique.

Nos étapes sont donc rythmées par la rencontre des producteurs et artisans locaux. On s’est aperçu, notamment en Amérique centrale, que les machines n’ont pas encore remplacé le travail manuel de l’homme et cela nous a tout de suite confortés dans nos choix. Une immersion à 360° dans leur quotidien nous permet de découvrir le processus de fabrication de A à Z de chaque produit, les problématiques auxquelles sont confrontés les producteurs et de constater leurs conditions de travail et de vie.

Dans ce patrimoine éclectique haut en couleurs, on sélectionne chaque jour avec passion les produits que vous retrouverez dans notre future boutique en France. Une boutique à notre image et répondant aux dimensions éthiques et responsables.

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Gastronomie, voyage, écriture : c’est un trio magnifique ! Comment articulez-vous ces trois aspects dans votre approche ?
On est tous les deux amoureux de la « bonne bouffe ». En France, ou lors de nos échappées européennes, on mettait déjà un point d’honneur à goûter aux spécialités locales. Ici, c’est la même chose. On adore aller flâner aux marchés locaux pour y goûter et remplir notre cabas de produits typiques et s’imprégner de l’agitation qui y règne. Lieu de rencontre, de découvertes et d’échange, le marché est, pour nous, à lui seul une réelle invitation au voyage. On a de la chance de disposer d’une cuisine entièrement équipée dans notre camper van, ce qui nous permet de cuisiner de bons petits plats avec les produits rapportés du marché. On se régale également avec la street food, une nourriture très abordable et délicieuse, sans oublier les jus de fruits frais préparés sous nos yeux. D’ailleurs, demain, on renfile le tablier pour notre second cours de cuisine. On ne pouvait pas passer à côté de la cuisine traditionnelle colombienne parfumée de notes caraïbéennes.

L’écriture, c’est le job d’Adeline. Elle peut passer des heures à rédiger, modifier, corriger des articles pour le blog et tient un carnet de route manuscrit. Selon elle, relire ses notes inscrites à la volée dans son carnet, c’est le meilleur souvenir qui existe lors d’un road trip. D’ailleurs, elle en a plusieurs et y inscrit toute sorte de choses : de la recette culinaire au nom de ce fruit exotique impossible à mémoriser en passant par le contact d’un petit artisan, tout y passe sans exception.

En résumé, on pense que la gastronomie, l’écriture et le voyage sont trois notions indissociables dans notre vie de nomade quotidienne. On y a recours de manière spontanée et on mixe un peu de ces trois ingrédients au gré de nos envies et de nos découvertes.

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Déjà plus de trois mois sur la route… Un coup de cœur, une route inoubliable à partager avec nous ?
On vient tout juste de fêter nos cinq mois de voyage ! Les kilomètres défilent au compteur, on ne compte plus le nombre de plein de gasoil et la variété des paysages traversés. Mais on retiendra en particulier la célèbre route du Big Sur. Rouler à flanc de falaise, observer les quelques surfeurs en contre-bas et les baleines au loin fuyant le grand froid pour le sud, c’est un spectacle qui n’a pas de prix. Pour Florian, c’est un vieux rêve qui se réalise en empruntant la même route que Jack Kerouac.

Et, c’est ici que nous avons bien failli tomber en panne d’essence. A quelques kilomètres de la fin de cette portion de route qui s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres, un panneau nous indique que la route est fermée et qu’il faut donc rebrousser chemin pour rejoindre une alternative. La jauge de la réserve de gasoil baisse à vue d’œil et nous n’avons pas croisé une seule station d’essence sur notre chemin. Arrivés au bout de cette portion, la seule et unique station essence ne vend pas de Diesel. Moment de panique, nous n’avons pas de réserve de secours. Par chance, le propriétaire de la station met toujours de côté quelques bidons de Diesel pour les aventuriers peu prévoyants comme nous. La leçon est donnée, nous transportons désormais un jerricane de secours !

Parlez-nous de la suite de votre voyage… Quelles sont les prochaines étapes ?
Il nous reste encore de nombreux pays à découvrir, de routes à parcourir, de rencontres à faire et de produits à dénicher jusqu’à la Terre de feu. De l’immersion au sein d’une communauté d’indigènes en Colombie à la rencontre de producteurs de quinoa au Pérou, en passant par la découverte de la Patagonie, l’encre va encore couler sur les pages de nos carnets de voyage, notre palais va s’éveiller davantage à chaque nouvelle découverte culinaire et nos yeux vont s’écarquiller devant les merveilles que la nature nous réserve pour les cinq prochains mois.

Mais vous l’avez bien compris, l’aventure Alaïa ne s’arrêtera pas à Ushuaïa. A notre retour, on prolongera cette expérience en vous invitant dans notre boutique. On y sera tous les deux présents vous accueillir, vous conseiller et continuer de vous faire voyager.

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(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédits photo : Alaïa)